Festival BatÔJazz 2023

Les Chroniques de Richard Haro

Retour sur 4 soirées magiques

 

Jeudi 31 Août

Premier voyage sur le bateau de Yann Lefebvre le Savoyard 2 qui s’impatientait de revoir ses aficionados de jazz et les merveilleux musiciens qui rythment admirablement la cadence des moteurs afin d’en faire totalement disparaître le bruit. Pour un départ ce n’était pas n’importe qui, notre président d’honneur; l’admirable pianiste de réputation Alfio Origlio avec dans sa musette un projet qui promet énormément sur la place jazzistique ; Human flow. Un concentré de Jazz résolument moderne truffé d’improvisation toutes plus envoûtantes les unes que les autres et servi par une équipe jeune et tellement expérimentée, à commencer par la benjamine au chant et au violon Fleur Worku, suivi du guitariste aux doigts d’or Noé Reine et de Zaza Désidério à la batterie qui commence à prendre pension dans les pré alpes de Savoie. Nous étions sur un panel de pop song revisitée avec brio, inventivité et des compositions récentes d’Alfio, toujours sur un mode extrêmement groovie pour le plus grand plaisir de tous. Le temps, fort clément a laissé autant de visiteurs sur le pont supérieur à jouir de la musique fondu dans le décor des berges du canal de Savière et de l’ouverture sur les eaux enchanteresses du lac du Bourget. Merci à Alfio et ses musiciens pour ce magnifique projet qui ouvraient la voie d’eau à d’autres couleurs de voix surtout féminines cette année.

VENDREDI 1Er SEPTEMBRE

Ce vendredi soir sur les ondes toujours très courantes de notre Rhône national vint se poser la pétillante Catali Antonini avec des mélodies issues de son dernier projet Océan Sonore, symbiose parfaite dans l’espace romantique et parfois sauvage des berges de notre fleuve. Une voix aux origines corses très proches de nos amis de la péninsule Italique, du timbre le plus grave à la note la plus aiguë Catali est une vocaliste aux multiples variations, romantiques quand il le faut, extravertie dans le groove, Catali est l’instrument. Catali est aussi une grande présence sur scène à la gestuelle communicative mettant tour à tour ses musiciens dans la lumière ; tel David Bressat qui ce soir au Fender Rhodes remplaçait le clavériste Stéphane Pélegri, ou l’excellent bassiste au jeu rappelant Jaco Pastorius ; Grégory Théveniau et plus encore celui qui sublime de par son jeu d’une grande finesse l’ensemble Monsieur Hervé Humbert. Le Rhône a, ce soir, tenu son pari en amenant ses mordus de jazz dans un monde enchanteur où l’Océan sonore rencontrait la douceur des rives de la Savoie et de l’Ain.

SAMEDI 2 SEPTEMBRE

Samedi 2 septembre, le Savoyard 2 allait trembler sous la voix de la petite, par la taille mais néanmoins très grande par sa prestation et ses compositions d’Hyleen et de son quartet. Dès les premières minutes dans une chaude atmosphère, le ton était donné, armée de sa guitare et de sa voix douce aux accents parfois groovies et parfois folkeux, Hyleen nous emmène dans un répertoire soul qui tutoie la pop comme le funk avec une joie communicative, et là, croyez moi ça fonctionne en diable. Le temps d’un aller sur le canal de Savière, d’un petit break sur le lac où nos musiciens n’en croient pas leurs yeux et d’un retour à la nuit où le ballet des hirondelles des marais se joint à la force tranquille mais tellement rythmée de ce quartet, l’ambiance est à son comble. Il est certain aussi que cela ne serait pas possible sans la virtuosité de musiciens d’exception tels Swaeli Mpappé digne fils de son papa Etienne, à la basse dont les solos ont laissés des traces dans nos têtes, Nicolas Vicario batteur, au palmarès international plutôt flatteur, qui rivalisait de bonheur avec le jeu de Swaeli, Julien Grenier au clavier qui je crois a remplacé le titulaire en quelques heures, bravo à tous, sacrée performance. C’est avec un public plus que conquis qui ne voulait plus quitter le bateau que s’est terminée cette magnifique soirée avant dernière du nom. Vous êtes de plus en plus nombreux à découvrir BatÔJazz et vos oreilles vous remercient et nous aussi. Encore merci à Hyleen et à ses formidables musiciens à notre capitaine et son team d’avoir coloré cette soirée de fin d’été.

DIMANCHE 3 SEPTEMBRE

Dimanche 3 septembre sur le savoyard 2 le grand final. Comme un opéra, c’est une fin en apothéose faite d’un arc en ciel sonore au couleur du blues, Jessie Lee et the Alchemists ont tenu la promesse de BatÔJazz ; celle de mettre le feu sur le bateau sur des rythmes et des jeux de scène exceptionnelles. Tout a commencé par «Son of the Preacher Man» chantée pour la première fois en 1968 par Dusty Springfield suivie de nombreuses fois reprises, arrangée ce soir avec génie par «Mr.Al» Alexis Didier le guitariste au doigté magique des Alchemists. Puis tout s’est enchaîné au contact de musiciens extraordinaires pétris de vélocité et de précision. Et Jessie Lee ; une bombe qui n’a pas attendu son retardement mais qui envoie comme on le dit aujourd’hui du lourd, voire du très lourd, un jeu de guitare percutant et précis, une voix digne des plus grandes blues women, accompagnée d’une énorme sincérité scénique qui vous donne envie de la suivre sans jamais quitter le bateau. Effectivement le creuset de l’alchimie était bien rempli et efficace avec les «Alchemists» qui n’étaient pas des apprentis sorciers mais de véritables maître dans leur domaine, à commencer par Laurian Daire aux claviers et aux choeurs, croisé l’année dernière sur la finale de Gaëlle Buswell, Laurent Cockelaere à la basse éruptive, Stéphane Minana-Poli le maître du temps et du rythme à la batterie. Nous avons savouré cette soirée, un blues authentique autant dans les créations du groupe que dans les reprises et le public a été unanime dans son ovation, Jesssie Lee and the Alchemists ont bien mérité leurs lettres de noblesse et leur notoriété ne fait que s’accroître sur la scène européenne. Le festival est terminé, ce fut une édition remarquable par pas mal d’aspects, l’excellente programmation qui a réjoui notre public fidèle et conquis les nouveaux, les petites améliorations de restauration, la qualité de l’accueil toujours renouvelée, l’humanité portée par l’équipe de bénévoles qu’ils soient ici remerciés de tous les efforts ainsi que l’équipe navigante, Yann, Karine, Maelle, Bernard.

On vous attend l’année prochaine 10ème anniversaire ça promet…

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